UNITÉ DE MESURE : LE PIED
Le mètre n’apparaît qu’à la Révolution, jusque-là les unités de mesure sont nombreuses. Néanmoins, à la période médiévale, le pied et ses sous-multiples restent la référence de toute construction.
1 pied = 12 pouces = 16 doigts = 144 lignes
Parmi les multiples, noter que la coudée valait 1,5 pied.
Au long de l’histoire, les unités de mesures ont évolué au gré du pouvoir politique, de l’époque, mais également en fonction des régions. Néanmoins il existe trois références principales :
Le pied romain. Le pied byzantin. Le pied carolingien.
Le pied romain a eu, bien évidemment, une large diffusion. Sa valeur est relativement stable (0,2948 à 0,2978m pour une valeur moyenne de 0,2963m). En Francie au XIIe siècle, le pied romain valait quasiment 0,2948m. (C’est la référence de Ste Marie-Madeleine de Vézelay)
Le pied byzantin, était plutôt répandu en Europe oriental, sans pour autant être absent de l’Europe de l’Ouest. Il est possible que des bâtisseurs de la région de Côme (moines ou maçons) aient apporté cette mesure avec eux… Sa valeur moyenne était de 0,312m. (C’est la référence de l’église Saint-Pierre de Brancion)
Le pied carolingien, plus “tardif “ que les précédents, fut fréquemment utilisé, notamment dans la construction gothique. Il valait 0,3248m. Son origine reste discutée (pied drusiain égal à 9/8ème du pied romain, demi coudée hashemite…etc.) Il serait à l’origine du pied de Roi de l’ancien régime. (L’abbatiale Cluny III fut conçue suivant cette mesure)
D’autres références furent créées et utilisées, notamment au sud de l’Europe, parfois d’ailleurs en réaction à l’influence romaine. En général ces mesures étaient plus fortes que le pied romain.
En revanche, dans le nord de l’Empire, le pied de Saint-Lambert (0,2918m), dérivé du pied romain, fut appliqué dans la région de Liège mais aussi en Bavière et semble avoir été notamment utilisé en Alsace. (Pied de Saint-Lambert = 63 /64e du pied romain)
Néanmoins, il ne faut pas oublier que la période médiévale est héritière de l’empire romain et donc de ses limites géographiques. Au-delà, le recours a des références plus “barbares“, c’est-à-dire non-romaines, ne peut pas être rejeté. Il en est ainsi d’un pied “germanique“ de l’ordre de 0,2885m qui semble par ailleurs être à l’origine du pied de Magdeburg (0,2836m) et du pied de Lubeck (0,2877m). (Référence de l’église Saint-Pierre de Rosheim ?) et d’un pied “nord européen“ de 0,273m que l’on retrouve au XIIe siècle en Hollande et qui, entre autre servit à définir l’église d’Erwitte.
La détermination du pied de Fondation d’un édifice religieux est donc souvent un problème épineux, d’autant que ce pied peut résulter d’une adaptation d’un pied étalon classique, Il en est ainsi du pes manualis qui équivalait à 6/5ème du pied romain ou du pied dit rhénan qui lui en valait les 16/15ème ! Néanmoins, heureusement, le pied utilisé est assez souvent l’un des trois pieds évoqués plus haut (romain, byzantin ou carolingien).
Le bien fondé de la solution obtenue ne pourra être assuré que si la valeur du pied retenu produit des nombres symboliques remarquables et si, de plus, ces nombres permettent un tracé géométrique simple.
Comment retrouver le pied de Construction ?
Par définition la longueur interne L d’une église correspond à un nombre entier de pieds. De plus ce nombre a (en principe) un sens symbolique fort. Ces particularités permettent en général d’orienter la recherche. Toutefois, le sens symbolique du nombre de l’église, compréhensible à l’époque médiévale, peut fort bien échapper à notre entendement. L’enquête est donc parfois difficile. Autre difficulté : la position du point d’entrée de l’église n’est pas toujours parfaitement définie car elle peut avoir été comptée soit au portail (vantaux) soit à l’aplomb intérieur du mur occidental… Cette ambiguïté entraîne une incertitude de 2 ou 3 pieds sur la longueur et donc sur le nombre de l’église…